mercredi 12 décembre 2012

Un enfant de six ans : ho oui elle est spéciale Michelle!

Il y a quelques mois de ça, je suis allé chez un vieux chum que je ne vois plus très souvent. J’y suis allée avec ma chienne Charlotte et ma nouvelle acquisition, une Alfa Roméo Veloce Spider 1993. Mon vieux chum a maintenant deux enfants. Une petite fille de quatre ans et un jeune garçon de six ou sept ans. Nous sommes donc entrés, on a pris une bière, les enfants ont soupé puis ils ont joué un peu avec Charlotte. Avant de partir, nous sommes sorties pour que mon pote et ses gamins voient ma nouvelle merveille dont je suis si fière.

Quelques semaines plus tard, mon copain me raconta à quel point il était content que j’aille prendre un verre chez lui, mais il me dit aussi l’inquiétude qu’il avait pour la réaction de ses enfants qui rencontraient une trans.
Il demanda à ses enfants
 -Avez-vous eu du plaisir à voir ma chum Michelle?

Les enfants
-ouiiiiii

Mon chum
-Est-ce que vous la trouvez spéciale Michelle?

 Le plus vieux
-ho que oui elle est spéciale Michelle

Mon chum
-ha bon! Et qu’est-ce qu’elle a de spécial Michelle?

Le plus vieux
-Elle a une très Belllllllle voiture…

 Comme quoi la perception et les appréhensions des adultes sont parfois déroutées par la candeur des enfants…

vendredi 2 novembre 2012

Un genre à part, les premiers extraits

Ce billet a été publié précédemment chez MichelleBlanc.com C’est avec plaisir que je vous partage les premiers extraits de ma biographie Un genre à part, admirablement écrite par Jacques Lanctôt.

Vous pouvez donc lire ici les premières pages et la dernière page de ce livre. Ça vous mettra déjà un peu dans l’ambiance de « Un genre à part », qui devrait être sur les étagères mercredi prochain. Vous comprendrez aussi sans doute ma fébrilité (mais je devrais plutôt dire ,notre fébrilité, puisque Bibitte Électrique est aussi très présente dans ce bouquin). Contrairement à mes précédents Pourquoi bloguer dans un contexte d’affaires, Les médias sociaux 101 ou Les médias sociaux 201, celui-ci est, disons… beaucoup plus personnel.

  Michelle Blanc Un genre à part

MICHELLE BLANC UN GENRE À PART
ÉDITIONS LIBRE EXPRESSION

Mot de l’éditrice

Lorsque j’ai demandé à Michelle Blanc de partager une partie de sa vie dans un livre, elle a accepté, pour faire un autre pas contre l’ostracisme. Il n’est pas facile d’ouvrir certains pans de son existence, encore moins lorsqu’on est un genre à part. Michelle Blanc est une femme qui doit se battre chaque jour contre les préjugés, plus intensivement qu’une autre femme. Pour elle, le défi est grand car elle doit accepter la femme qu’elle est et non ce que les autres voudraient qu’elle soit à travers ce qu’ils voient. Elle a son franc-parler, ses opinions tranchées, sa sensibilité féminine dans ce corps transformé.

Tout au long du projet d’écriture de ce livre biographique, processus infiniment délicat, j’ai été particulièrement émue par une personne : Bibitte Électrique, la conjointe de Michelle, qui était déjà dans sa vie alors que celle-ci s’appelait Michel. Encore aujourd’hui, et peut-être plus fort qu’au début, j’apprends personnellement de cette histoire d’amour, car il faut aimer vraiment pour demeurer ensemble, souffrir du regard des autres, faire avancer les perceptions et surtout vivre au quotidien tous les bouleversements personnels qu’une telle situation entraîne.

Ce livre ne vous dévoilera pas tout, mais tout au long de sa lecture vous sentirez la retenue qu’elles ont eue, car parfois la douleur est trop grande et la vie si fragile.

À Bibitte et à Michelle, je souhaite une vie paisible, si tant est que ce soit possible. Vous m’avez inspirée et aidée à apprécier la vie et certainement à réfléchir avant de juger… même dans ma tête.

Ce livre est rendu possible par l’ouverture d’esprit de Bibitte. Je crois essentiel de rapporter ici les sentiments qui l’ont animée dans le projet de livre de Michelle. De l’inquiétude à la colère, en passant par la tendresse et la résilience, Bibitte a collaboré aux entrevues, mais non sans heurts. Cette intrusion dans SA vie n’était pas son choix, c’était celui de Michelle. Avec le temps, elle a bien sûr accepté. C’est même elle qui a trouvé ce si judicieux titre.

Merci à Bibitte de nous livrer ses émotions brutes alors qu’elle se confiait à l’auteur Jacques Lanctôt pour la première fois en 2011. 
Johanne Guay / Éditrice


Avec ce projet de livre, je me sens forcée de parler de notre relation, et cela me rend anxieuse. Je me dévoile devant une personne que je ne connais pas alors que ce n’était pas mon but. Ce livre, c’est beaucoup plus l’affaire de Michelle que la mienne, et je ne me sens pas concernée. C’est comme ouvrir une plaie qui n’est pas guérie. Le simple fait de parler de ma vie privée, de mes doutes, de mes interrogations me bouleverse. Bien sûr, Michelle restera toujours Michelle, comme je l’ai dit dans le documentaire De l’ombre à la lumière de la série Quand le corps n’y est pas, mais il y a des nuances. Il y a tout ce que je perds du Michel d’avant. Au début, je ne savais pas ce qui allait se passer. J’étais d’abord frappée par les changements sur son visage. Je le regardais et je cherchais ce qui me le rappelait et ce qui me ramenait à lui, à celui d’avant. J’ai voulu me raccrocher à ce que j’essayais de retrouver de mon Michel d’avant, ses yeux, ses mains, sa voix. Je vivais ça comme une perte graduelle, comme quelqu’un qui s’efface devant soi. C’était terriblement difficile. C’était comme une perte graduelle. Je ne savais même pas si MON Michel allait le demeurer au fur et à mesure de ses transformations. Ça m’a pris au moins six mois avant de pouvoir faire le changement de la conjugaison.

Le fait également que Michelle soit devenue une vedette a passablement changé ma vie. Auparavant, nous étions un couple anonyme, mais avec les apparitions de Michelle à la télé, ce n’était plus le cas. Je devais gérer les regards des gens qui nous regardaient dans la rue, surtout après son passage à Tout le monde en parle. Bien sûr, il y avait dans ces regards une bonne part d’admiration, mais d’autres nous voyaient comme des freaks.

Cette situation, à la longue, a commencé à faire partie de ma vie, j’ai commencé à m’y habituer graduellement. Puis là, avec ce projet de biographie, tout est remonté à la surface. Bien sûr, Michelle m’a expliqué qu’il y avait de nombreux avantages dans la publication d’une telle biographie. Elle n’aurait plus, entre autres, à répondre sans cesse aux questions des gens, elle n’aurait qu’à leur dire de lire sa biographie. Mais cet argument ne me convainc pas à 100 %.

Je ne sais vraiment pas ce que j’ai le goût de dévoiler de notre vie privée, tout cela est complètement nouveau. Avant d’accepter de collaborer à cette biographie, j’étais déjà en thérapie et je me suis déjà beaucoup confiée à d’autres personnes. Ce que je vis actuellement est assez difficile, c’est quelque chose de très personnel que je gardais pour moi, et là on me demande de m’ouvrir devant une personne, un biographe que je ne connais pas, de surcroît.

Je ne sais pas si je suis prête à en parler si ouvertement, et je suis terriblement angoissée face à cette idée de devoir sortir de ma vie privée. J’ai comme motivation le souhait profond que les gens comprennent, pour moins nous juger. Car parfois, bien que je sois assez forte et déterminée à être moi-même en couple avec Michelle dans les endroits publics, je souffre de ces regards qui, chemin faisant, m’habitent et contre lesquels je me défends tant bien que mal.

Bibitte Électrique
 

Remerciements

Merci à la providence d’avoir mis sur ma route Bibitte Électrique. Elle est tout pour moi. Merci à vous d’avoir lu cette histoire, à Jacques Lanctôt de l’avoir écrite avec tant d’humanité, à Johanne Guay d’avoir songé à ce livre et à plusieurs de mes amis d’y avoir participé.

Merci aussi de comprendre ce chemin peu parcouru et de tendre la main à tous ceux qui l’entreprennent ou l’emprunteront aussi. Merci de comprendre que de la différence peut naître la contribution positive.

Merci aussi d’avoir la gentillesse, voire la compréhension, de désormais m’appeler madame...

In memoriam

Marie Vigneault-Leblanc
Bernard Bélanger
Fabiola Rojas 
Merci d’avoir été là pour moi. Je vous aime.

Michelle Blanc

vendredi 5 octobre 2012

Rob Anders - La bigoterie ne vient pas que des incultes, elle vient aussi de membres de notre parlement Canadien.

C’est avec stupeur que j’ai appris que le député conservateur de Calgary, Rob Anders s’oppose au Bill proposé par le député néo-démocrate Randall Garrison qui propose un projet de loi privé accordant plus de protection aux transgenres. Le Bill C-279 devrait enfin reconnaitre des droits aux personnes transgenres et transsexuelles et les protéger en vertu de la Charte des droits et libertés canadienne et du Code criminel. Que l’honorable conservateur de l’extrême droite religieuse soit contre ce projet de loi, c’est acceptable. Mais les raisons pour lesquelles il condamne cette loi sont exécrables, insultantes et calomnieuses pour les personnes qui sont encore exclues de la protection juridique que tous Canadiens ont à leur disposition en plus de répandre la hargne et la haine envers cette communauté. Sur son site, il prétend que cette loi vise à encourager des hommes transsexuels à agresser des petites filles dans les toilettes. Il a même déposé une pétition à la Chambre des communes avec contre le projet de loi C279 qu’il qualifie de l’épithète de Bathroom Bill
Petition to the House of Commons We, the undersigned, citizens of Canada, draw the attention of the House of Commons to the following: That Bill C-279, also known as the "Bathroom Bill", is a Private Members Bill sponsored by B.C. NDP MP Randall Garrison and its goal is to give transgendered men access to women’s public washroom facilities. And that it is the duty of the House of Commons to protect and safeguard our children from any exposure and harm that will come from giving a man access to women’s public washroom facilities. Therefore your petitioners call upon the House of Commons to vote Nay on the "Bathroom Bill".
Voici donc l’expression de mon profond dégoût tel que je l’ai exprimé en directsur le réseau national de CTVNews.

samedi 15 septembre 2012

Lettre à mes sœurs

Il y a cinq ans, je vous apprenais le coup du destin qui avait fait sauter mes mécanismes de négation et qui m’avait plongée dans une profonde dépression qu’on appelle la dysphorie d’identité de genre et de ma thérapie qui consistait à changer de sexe. Il y a cinq ans, ma conjointe et son fils faisaient encore partie de votre famille. Ils font désormais partie de ma famille. Il y a cinq ans, l’une d’entre vous a suggéré à ma conjointe de me quitter parce que j’étais « une manipulatrice qui l’avait exploité et que maintenant que je réussissais, j’en profiterais pour changer de sexe et la foutre là à court terme ». Nous nous aimons toujours autant et sommes toujours ensemble. Une autre m’a dit qu’elle aurait préféré apprendre que j’étais morte et je le suis devenue pour elle depuis. Finalement une autre m’a dit qu’elle avait besoin de temps et qu’elle reviendrait vers moi lorsqu’elle serait prête. Ça fait maintenant déjà cinq ans.

 Toutes m’ont aussi dit que ce serait un stress épouvantable pour leurs enfants. Que j’allais les fucker. Cinq ans plus tard, je me demande s’ils sont encore perturbés? Je rappelle que plusieurs transsexuels(les) ont des enfants et qu’ils ne sont « fuckés » que si l’un des parents ou la famille réagissent très mal à la transition de l’autre parent. Je vous informe aussi que nous sommes maintenant grand-mères et que Liam, notre petit-fils, ne semble vraiment pas perturbé par le fait d’avoir deux grand-mamans. Les enfants sont comme ça. Ils apprennent de leurs parents et s’adapteront ou pas, en fonction de la réaction et du comportement de ceux-ci. Vous aviez une belle-sœur (ma conjointe) qui était dans un drame indicible. Depuis, elle subit aussi elle aussi « la tare » d’être avec moi. Jamais vous ne vous êtes inquiété de ce qu’il advenait d’elle. Jamais vous ne l’avez supporté. L’un de nos frères, qui agissait comme intermédiaire entre nous me donnait quelquefois des nouvelles de vous et s’enquérait des miennes. Un jour je lui dis, « si elles veulent avoir des nouvelles de moi qu’elles me téléphonent et s’il-vous plaît arrête de me torturer avec leurs nouvelles ». C’est terrible de savoir que mes neveux et nièces grandissent sans que j’aie aucun contact avec eux. C’était troublant de voir sur Facebook la photo de l’une de mes nièces, cinq ans plus tard, sans pouvoir lui parler et lui dire à quel point elle me manque et que je m’ennuie d’elle. Je ne comprends toujours pas ce que j’ai fait, ou n’ai pas fait, pour être ostracisée de la sorte.

  Cinq ans plus tard, je suis toujours profondément meurtrie d’être sur votre liste noire. Aujourd’hui je vous ai vue. Vous m’avez vue aussi. Vous m’aviez exigé de ne plus jamais vous contacter et d’attendre que vous soyez prête et que vous viendriez vers moi ce moment-là. J’ai cru aujourd’hui que ce jour était venu. J’ai espéré que cette réunion funèbre qui nous réunissait aujourd’hui ferait naître une réconciliation. Mon deuil est maintenant plus lourd encore. Il est énorme. Il me pèse sur les épaules, sur le cœur, sur l’âme. Je me sens comme si un truck m’avait passée sur le corps. Ma conjointe et moi étions les fantômes qui étaient vivant dans la pièce. Même l’hommage photographique qui était fait à notre belle-sœur avait une photo dont mon amour et moi-même étions coupés. C’était celui de son dernier repas d’anniversaire. Cette attention à faire disparaitre l’image même de notre présence sur une photographie de la défunte est profondément vicieuse et troublante. Je sais que vous n’êtes pas responsables de cette idée géniale, mais c’est l’exemple même de notre mort archivistique, sociale, familiale et fraternelle.

  Adieu à vous qui nous avez déjà fait mourir.

  Nous vivrons heureuses avec les gens qui nous aiment, malgré votre meurtre symbolique…

  Votre soeur Michelle

  Suis maintenant triste pour ma défunte mère qui doit se retourner dans sa tombe... Elle aurait si honte de ses enfants...

Mise à Jour

Voici un message privé que j’ai reçu sur Facebook et qui me permet une réflexion additionnelle. Je trouvais important de vous la partager et j’exclus le nom de l’expéditeur pour respecter sa vie privée (tout comme je n’ai pas mentionné le nom de mes sœurs pour la même raison. J’ai d’ailleurs attendu 5 ans avant de vous partager ce drame qui est le mien et celui de ma conjointe et de son fils)…


Bonjour Michelle,

Même si je ne connais aucun transgenre dans mon entourage j'ai toujours eu de la difficulté à les accepter. Un jour, me questionnant, j'ai comme été frappé par une "révélation". Dieu que ces gens doivent souffrir pour avoir à "affronter" le changement de sexe, le regard des autres. Dieu que ces gens sont courageux. À partir de ce jour là, je ne comprenais toujours pas, ne l'acceptais pas plus, mais j'ai commencé à développer de la compassion pour les transgenres. Compassion que je développe un peu plus à chaque jour qui passe quand je pense à ceux qui vivent avec cela.

Je pense être une personne plutôt ouverte d'esprit mais mes circuits neuronaux internes se bloquent quand je cherche à comprendre ou à accepter.

Imaginez si nous étions frère et soeur!

Je vous en voudrais terriblement probablement… Alors que là, je n'aurais qu'une envie : celle de vous serez contre mon coeur pour vous faire oublier votre lourde peine face à vos soeurs!?!

Il n'y a rien à comprendre...

Je vous recommande la compassion envers vos soeurs. Vous aimeriez d'elles qu'elles vous acceptent malgré vos choix. Essayez de les accepter dans les leurs de ne pas accepter le votre. Vous serez déjà un peu plus en paix avec vous même et face à elle.

Bonne route,

mardi 11 septembre 2012

Le deuil de la femme et la gestion du mépris

Depuis quelques mois, je suis devenue plus macho et agressive que je ne l’ai jamais été. C’est mon amour qui me l’a fait remarquer. J’ai recommencé à sacrer comme jamais, je conduis de manière impatiente, j’ai des manières encore plus viriles que j’avais lorsque j’étais un homme. Bref je suis complètement chavirée. La cause en est simple et à la fois complexe. Je suis en train de faire le deuil de la femme que je ne serai jamais. Malheureusement, je serai une minorité visible pour le reste de mes jours. Ce statut en plus d’être visible, est aussi malheureusement risible pour une frange importante de la population.

 Cet été nous avons fait une croisière en Méditerranée. À chaque destination, ça allait vraiment bien. Mais sur le bateau, c’était l’enfer. Le personnel du MSC Splendida et les autres passagers étaient vraiment odieux et méprisants à mon égard. J’ai déjà appris à relativiser, à me dire que je ne sais jamais ce que les gens pensent, à regarder ailleurs ou à pratiquer l’aveuglement volontaire. Cependant, après un certain niveau de mépris, ces petits jeux mentaux ne fonctionnent plus. D’ailleurs sur le bateau, après un épisode particulièrement douloureux de mépris avec le personnel de bord, je suis allée déposer une plainte auprès de la responsable des ressources humaines du bateau. Après, on me traitait artificiellement aux petits soins. Je me disais que c’était mieux de vivre de la fausse délicatesse que de vivre du vrai mépris. Mais les autres passagers eux continuaient d’être outrageusement insolents.

 Dans les derniers deux ans, j’ai aussi vécu deux menaces de mort, des menaces à mon intégrité physique et de trop nombreuses insultes en ligne et hors-lignes, ici et ailleurs. J’en suis extrêmement blessée et l’un de mes mécanismes d’adaptation est d’être devenue agressive. Je me dois de réagir et d’analyser ça en profondeur pour ma propre stabilité psychologique et pour le bien-être des gens qui m’entourent. Je dois faire le deuil de la femme que je ne serai jamais et dans un processus de deuil, la colère est malheureusement la première étape. C’est encore très difficile de vivre sa différence au grand jour. On me parle souvent de la « rançon de la gloire », mais peu de gens s’imaginent le réel prix de cette rançon…

mardi 14 février 2012

Lynn Conway et Marie-Marcelle Godbout, deux femmes qui m’ont sauvé la vie


Comme vous le savez sans doute, je suis une nouvelle femme. Mon parcours a été périlleux (surtout au début) et plein de défis et d’accomplissements. À l’automne 2007, je vivais une très grave dépression que l’on nomme une dysphorie d’identité de genre. Cette dépression était accompagnée entre autres d’idées suicidaires. À l’époque, je savais que la seule issue possible était de changer de sexe. Mais cette prospective s’accompagnait d’un profond désarroi et de la certitude que ma vie était finie. Que je serai une lépreuse pour le reste de mes jours et qu’on me cracherait dessus. J’avais la conviction que plus jamais, je ne pourrais être heureuse, que je perdrai mes clients, ma pratique, mes amis et ma famille.

Lors de périodes moins troubles, je naviguais sur le web à la recherche de réponses à ma détresse. Je lisais tout ce qui avait rapport de près ou de loin avec le sujet de la dysphorie d’identité de genre et la transsexualité. C’est ainsi que je suis tombée sur le site de Lynn Conway. Transsexual Women's Successes. Ce site était une mine d’information sur la condition de transsexuelle, mais surtout d’histoires de femmes et d’hommes ayant survécu à ce changement majeur et ayant réussi leur vie sur le plan des affaires, de la science, du sport, des arts ou de la politique. Le site avait pour objectif de détruire les mythes, stéréotypes et l’invisibilité sociale souvent associée à la condition de transsexuelle et dieu qu’il a atteints son objectif. De savoir qu’on pouvait survivre à ça, me donna un courage de continuer mon chemin et surtout de garder la tête haute.

J’eu aussi le plaisir de discuter avec Marie-Marcelle Godbout qui depuis 30 ans, bénévolement, à bout de bras et de conviction, mène l’Association des transsexuels (les) du Québec, une ligne d’écoute et de référence et tient des rencontres de trans afin qu’ils (elles) puissent discuter en groupe de leurs enjeux et cheminements. Alors que j’étais présidente d’honneur des célébrations de la fierté de Montréal, lors d’un cocktail des bénévoles, j’eus le plaisir de la remercier publiquement et de souligner ses admirables efforts pour aider les gens comme moi et de dire qu’elle était l’un de mes très grands héros anonymes. Après le cocktail, elle vint me remercier toute émue, et me dit qu’en trente ans, elle n’avait que très rarement été remercier publiquement.

Ces deux femmes, à leur manière, m’ont permis d’être encore ici aujourd’hui et de vous parler d’elles. De communiquer, de partager positivement des histoires de vie et d’offrir des ressources informationnelles, aide d’une manière que vous pouvez difficilement imaginer, ceux et celles qui vivent une intense détresse. On appelle ça « la catharsis ». Moi j’appelle ça plutôt la grandeur d’âme, la générosité du cœur et l’ingéniosité du partage. Je suis en dette pour le reste de mes jours envers ces femmes et je suis certaine que vous aussi, peut-être même sans le savoir, êtes aussi en dette envers des gens qui vous ont montré la lumière au bout du tunnel…

vendredi 3 février 2012

Ma conférence à TEDxMontpellier : Devenir une Femme … 2.0

C’est avec plaisir que je vous partage finalement la conférence que j’ai donnée la semaine dernière à TEDxMontpellier, Devenir une femme… 2.0. J’y parle de beaucoup de choses et les hyperliens de ce que j’y dit se retrouvent dans mon précédent billet Les notes de mon allocution à TEDxMonpellier la semaine prochaine Bonne écoute
Découvrez un Talk tout en émotion avec Michelle Blanc conférencière et auteure spécialiste des stratégies digital media qui a fait le choix de se livrer à un exercice humain ; expliquer sa transformation en femme 2.0. Où comment nos vies numériques peuvent transformer nos vies réelles.
P.-S. Encore heureux que je sois allée à Montpellier il y a une semaine puisque cette semaine LaPresse titrait Les transsexuels et transgenres ne pourraient plus prendre l'avion . Merci aux Conservateurs de nous faire des lois si transphobes et de ramener le pays encore une fois en arrière…