jeudi 1 juillet 2010

Un an dans un corps de femme

Hier ça faisait un an que j’ai eu mon opération de changement de sexe. Ça faisait aussi deux ans que j’ai eus mon opération de féminisation faciale. C’est donc un moment propice pour faire un petit retour sur ces moments charnières de ma nouvelle vie. Je me sens bien et heureuse comme je ne l’ai jamais été. Certains jours, je suis vraiment femme, tandis que d’autre, je suis plutôt cette androgyne qui chevauche les deux sexes. C’est vrai que c’est beaucoup de travail d’être une femme et que parfois, la fatigue aidant, je n’ai pas l’énergie de « me mettre sur mon 34 ». Par exemple, les deux dernières semaines ont été occupées à mon déménagement et à mon retour à la vie commune avec l’amour de ma vie. Comme les lecteurs assidus de ce blogue le savent, Bibitte et moi (qui somme ensemble depuis maintenant 16 ans), nous sommes séparés en février il y a deux ans, pour revenir ensemble 5 mois plus tard. Mais entretemps, nous avions chacune pris un nouvel appartement. On se promenait donc d’une place à l’autre depuis. Mais nous sommes maintenant de retour dans un lieu commun et comme on pourrait dire que c’est encore moi l’homme du couple, ces dernières semaines je m’habillais plus en mode « butch », mes ongles et mes mains ont souffert des péripéties du déménagement, je suais à grosses goutes et je ne me maquillais plus. C’était d’ailleurs déstabilisant pour mon amour qui après s’être habitué à me voir en femme, me revoyait avec une allure beaucoup plus masculine. C’est que c’est difficile de faire des trous dans le mur, de déplacer et de faire des boîtes ou de transporter de lourde charge en talons hauts!
Toujours est-il qu’hier, « j’étais sur mon 34 », que je me sentais femme comme jamais et que j’étais vraiment « cute ». Je suis allée manger avec mon père qui semblait vraiment impressionné par mon look. Il me dit « Michelle, tu es maintenant une très belle femme et tu sais que j’ai toujours eu un faible pour les grandes femmes ». Il était tout rouge et ému de me dire ça. Ça me fit un plaisir extraordinaire. Enfin, mon père validait ma féminité!

Mais si je reviens sur ce périple, je dirais qu’il est jonché de moments extraordinaires et de d’autres, très difficile. Pour certaines personnes je suis un modèle d’accomplissement et pour d’autres, je ne suis qu’un abject personnage de fêtes foraines, qu’une freak sur lequel il fait bon vomir. C’est vraiment étrange dans l’espace de 10 minutes de recevoir les éloges puis les sarcasmes d’inconnus. Comme la semaine dernière j’étais avec Bibitte dans le village gai. Deux personnes nous arrêtent dans la rue pour me dire à quel point ils m’admirent et quelques minutes plus tard, nous croisons quatre adolescents qui lorsqu’ils me voient, font semblant de vomir. C’est d’ailleurs assez représentatif de ce qui se passe dans une semaine normale. M’enfin, je m’habitue à ce regard des autres qui va dans tous les sens. L’important est que je suis vraiment bien avec moi-même, avec mon nouveau sexe et avec l’amour de ma vie qui est toujours à côté de moi.