mercredi 16 septembre 2009

Étrange retour des choses

Hier j’étais à une conférence de presse et soudain, je vois une vieille connaissance avec qui j’ai travaillé durant un certain nombre d’années. Appelons-le Louis-Marie. C’est un noir et j’étais son patron. C’est une personne vraiment gentille qui a toujours foncé malgré les préjugés liés à son statut de noir. Je me souviens de son désir de performer et de défoncer des portes qui l’avait un jour mené à mon bureau. Il voulait être VJ pour la tournée VidéoDanse Musique Plus. Il avait toutes les qualités pour faire le boulot et même plus. Mais il était noir. Or, à cette époque (les années 90), la tournée vidéoDanse Musique Plus se promenait dans le Québec Profond. Plusieurs événements faisaient des tirages de bottines « doc Martin » qui étaient l’apanage des « skinheads » et le grabuge des jeunes était quelquefois palpable. D’ailleurs, certains VJ devaient stationner le véhicule de la compagnie, à une distance sécuritaire de l’aréna, pour ne pas que la foule s’en prenne à lui. C’était donc, selon ma conception, risqué d’exposer une personne de couleur à de potentiels racistes. J’exposais ces faits à Louis-Marie qui s’empressât de me traiter de raciste et me fit valoir que s’il était pour manger des claques sur la gueule, il saurait se défendre et que ce n’était pas à moi de présupposer des difficultés qu’il pourrait rencontrer. Ça a été une grande leçon d’humilité et je me rendis compte qu’il avait tout à fait raison et je lui donnât sa chance. Il devint vite l’un des meilleurs VJ que nous aillons jamais eu.

Cette longue introduction pour vous dire qu’hier, j’ai revu Louis-Marie. Il ne lit pas les journaux et n’écoute pas la télévision. Lorsque je le vis, il était en plein travail, je lui dis « bonjour Louis ». Il me répondit, mais qui êtes-vous, est-ce que je vous connais? Je lui répondis ce que je disais dans le temps « Voyons tabarnak Louis-Marie », c’est là qu’il me reconnut à ma voix. Il me dit, mais qu’est-ce que tu fais habillé en femme? Je lui dis « mais voyons, c’est l’Halloween qui s’en vient ». Subjugué, il partit continuer son travail. Ses collègues qui savent qui je suis lui racontèrent mon cheminement. Ce matin, il me téléphone dans tous ses états. Il a peur que je ne l’aie perçu comme faisant preuve de mépris et de préjugés à mon égard. Surtout, qu’il se souvient très bien de déjà m’avoir fait la morale sur « mes soi-disant » préjugés. Il n’a pas dormi de la nuit et ce sens vraiment mal de sa réaction. Pour le taquiner, je le fis languir dans sa culpabilité, puis le rassura quant à ma perception de l’incident. Quel étrange retour des choses? J’ai bien hâte de revoir ce vieux copain et de continuer de le taquiner sur « ses préjugés » transphobes et de développer notre relation sur de nouvelles bases. J’ai d’ailleurs terminé l’entretien en lui envoyant de gros bisous…

lundi 14 septembre 2009

Châtelaine : 100 femmes qui marquent le Québec. Gros merci de l'éloge!

WOW, que dire de plus! Dans l’édition de novembre de Châtelaine Québec, il y a l’article 100 femmes qui marquent le Québec. Quelle n’est pas ma surprise de lire en page 80, sous la plume de ma copine à SCANDALE Caroline Allard, le topo qu’elle fait de moi. Son topo est nettement exagéré mais d’une telle gentillesse, que ça me touche beaucoup. En plus, elles ont le culot de me mettre dans la catégorie « visionnaires », exit « les grandes gueules », catégorie qui me semble plus appropriée. Mais de quoi je me mêle?

Jugez-en par vous-même :

Page 80, Châtelaine 100 Femmes qui marquent le Québec, Michelle Blanc (PDF)

Très gros merci à Châtelaine et félicitation à toutes les lauréates dont ma cliente Gyslaine Desrosiers de l’OIIQ, ma copines Caroline Allard et les personnes que je connais personnellement dont Véronique Cloutier, Christiane Charrette, Laure Waridel, Louise Harel, Françoise David et Pauline Marois.

jeudi 10 septembre 2009

La situation de ma convalescence postopératoire

Je suis toujours autant ravie d’être enfin une femme anatomique et je suis vraiment contente des résultats chirurgicaux de l’opération du Dr. Brassard. J’ai cependant encore des douleurs et j’en aurai peut-être encore pour quelques mois. Tout d’abord, mon système nerveux se réapproprie mes nouveaux organes génitaux et envoie sous forme de signaux électriques, des informations à mon cerveau. Ainsi, plusieurs fois par jour, j’ai des chocs électriques émanant de mon nouveau vagin. Ça surprend toujours et ce n’est pas des plus agréable. Aussi, je ne vous en avais pas encore parlé, mais cet été, par accident, j’ai enlevé les gales (je vous avais alors parlé de ce qu’est une escarre) de mes petites lèvres. Cette portion de mon anatomie est donc encore très sensible et cicatrise difficilement. De plus, étant donné que je n’ai plus de testostérone, mes hormones d’estrogène accélèrent le travail de féminisation de mon anatomie. J’ai donc une poussée mammaire presque constante et la douleur de celle-ci se juxtapose à celle encore un peu présente de mon augmentation mammaire chirurgicale. Finalement, ma flore vaginale se créé difficilement, entrainant des odeurs dont je vous évite la description. Tout n’est donc pas rose dans ma récupération et je fais encore « mon temps » comme on pourrait dire. Mais je garde en tête l’objectif que dans encore quelques mois et quelques autres chirurgies encore nécessaires, je serais enfin une femme complète et que je pourrais vaquer à mes occupations comme avant et commencé à découvrir ce nouveau corps qui est le mien…

mardi 1 septembre 2009

Le bénéfice d’être touchée

C’est en prenant un drink ce soir, avec une copine, sur une terrasse que ça m’a frappée. L’un des grands bénéfices d’être enfin une femme est celui d’être touchée. C’est drôle à dire, mais comme homme, on vit une déprivation tactile incroyable. Les hommes ne se font pas touché et ne touche presque pas. À partir de l’adolescence, les hommes ne reçoivent plus de stimuli tactiles de personne, si ce n’est que dans un contexte amoureux, et encore. Ce contexte est souvent empreint de sexualité et il est très limité par rapport à ce que peut vivre une femme. Les femmes se touchent et les hommes touchent les femmes. Mais les hommes entre eux et les femmes par rapport aux hommes, sans contextes sexuels, presque rien. C’est le grand vide. Je me rends compte à quel point ça fait du bien, qu’une copine me touche le bras en me parlant, qu’un copain me fasse la bise en me rencontrant, qu’on se fasse une étreinte, etc. Ça fait tellement de bien de toucher et d’être touché dans un contexte strictement humain et amical et sans connotation sexuelle, vous ne pouvez pas savoir! C’est sans doute l’un des grands bénéfices de mon changement de sexe et c’est ce soir que je m'en suis vraiment rendu compte. WOW
Ce n’était vraiment pas facile d’être un homme. Que je suis heureuse…